Mi-février, j’ai organisé dans le cadre du Safer Internet Day 2016 une concertation autour de la parentalité numérique. Cette concertation avait pour objectif de co-construire des réponses à la question « Comment accompagner les enfants dans les univers numériques » ?
Pourquoi une concertation ?
Cette rencontre s’inscrit dans un processus plus large qui consiste à associer le citoyen dans la construction des réponses à une problématique donnée. S’agissant de la première édition, c’est moi qui avait choisi la thématique, l’objectif à terme est que cette thématique soit issue des citoyens. La date de la rencontre fixée coïncidait parfaitement avec le Safer Internet Day, en ce sens une concertation autour de la parentalité numérique me paraissait pertinente. La parentalité numérique est également une thématique que j’aborde depuis dix ans au sein de mon Espace Public Numérique, à travers différentes actions, manifestations, formations ou conférences.
Qui concerter ?
Dans l’esprit la concertation se veut ouverte à tous ceux qui s’intéressent au sujet. Dans les faits et surtout quand il s’agît de la première fois, il faut bien lancer quelques invitations aux personnes ressources de son territoire. Là en l’occurrence je m’appuie dans un premier temps sur les réseaux constitués : les partenaires (comme le centre social, la caisse d’Allocation Familiale par exemple) , les collègues de la mairie ( service petite enfance, service jeunesse, médiathèque) et bien sur les parents (à travers les associations de parents d’élèves). La veille exercée sur mon territoire s’avère être un atout considérable. Ainsi j’invite un papa gamer, président d’une association de retro-gaming et une maman blogueuse qui tient un blog de conseil à destination d’autres mamans. L’idée sur cette thématique est que la notion « d’expert » dépasse le cadre des univers numériques. Enfin, puisque l’invitation est ouverte à tous, j’utilise les réseaux sociaux pour promouvoir la rencontre.
Comment concerter ?
L’objectif de la concertation est de faire émerger des solutions qui viennent des participants. Je me suis orienté vers un format d’animation favorisant au maximum les interactions : le world café. Le principe en est de recréer l’atmosphère d’un café en groupant les participants par table de quatre ou cinq. Sur chaque table est désigné un hôte qui va faire le fil conducteur des trois tours de table. Un tour de table dure vingt minutes. Chacun de mes tours de table était ponctué d’une question dans une logique d’entonnoir.
- Accompagner les enfants aux usages numériques, de quoi parle t’on ?
- Focaliser sur un type de public ou d’usage.
- Concrètement on s’y prend comment ?
- Puis restitution par chaque hôte de table
Dans la consigne générale, je n’ai été en rien directeur, je ne suis intervenu que pour gérer le temps et signaler les changements de table. En effet, à chaque tour de table les participants (sauf l’hôte) se dispatchent vers d’autres tables (en veillant à ne pas rester ensemble). On refait ensuite un tour de table et l’hôte restitue les échanges précédents. J’ai installé quatre table pour pouvoir accueillir une vingtaine de participants maximum. Au-delà de ce nombre, la salle aurait été trop petite et trop bruyante.
Pour la créativité, des feutres de couleurs, des grandes feuilles à barioler, des stylos, des post-it de plusieurs couleurs, du café, des rafraichissements, des jouets (comme ce magnifique téléphone portable rose sur la photo de gauche), des photos en lien avec la thématique (à la manière d’une séquence de photolangage) et un grand méchant qui tient le rôle de maître du temps.
Et au final ?
Pendant les trois premières rondes mon rôle aura été de chouchouter les participants (un petit thé ?). j’ai inscrit la restitution des tables sur un espace neutre, regrouper les actions par objectifs. Pour chaque proposition, j’ai vérifié que nous avions la solution dans la salle en partant du principe que toutes nos hiérarchies respectives étaient d’accord. Cette méthode a permis a certaines propositions de vérifier qu’il n’y avait pas de solutions immédiates. Dans cette optique le porteur de la proposition a gagné un temps précieux dans ces démarches. Certaines propositions ont trouvé plus d’écho que d’autres et n’ont pas été retenu par les hôtes de table à l’issu des trois rondes. L’avantage est que les propositions retranscrites ont vraiment fait consensus. Au terme de deux heures, les quinze participants s’entendaient sur les objectifs à atteindre, les actions à mener et les critères d’évaluation. Charge à moi d’articuler la mise en œuvre de ces actions, qui ne seront d’ailleurs pas toutes portées par l’Espace Public Numérique. Enfin l’ensemble des participants a souhaité être informé des prochains rendez-vous contributifs même si cela n’avait pas a priori de rapport direct avec leur champ d’activité.
Les propositions finales auraient surement été les mêmes par le biais d’un travail personnel. L’avantage de cette méthode est de gagner en force en étant « au service de » plutôt qu' »à l’initiative de ».
Les perspectives
Appliquer des principes de gouvernance partagée, créer du bien communs s’inscrire dans une logique de biens communs, créer du lien, l’ambition est d’installer l’espace Public Numérique comme un incubateur d’innovation sociale. La posture adoptée pour l’instant est de conforter le citoyen dans son expertise d’usage. La nature des sollicitations « hors numérique » que je recevrais sera un indicateur de cette évolution.