Jusqu’à tard dans la nuit de ce 21 janvier 2016 quelques députés ont débattu en première lecture de la loi « République Numérique » présentée par Axelle Lemaire. La première bonne nouvelle c’est qu’il y avait un peu plus de députés par rapport aux autres discussions portant sur le numérique. La mauvaise nouvelle c’est que la montée en compétence des députés sur les sujets liés au numérique est loin d’être optimale.
Les usages optionnels
A plusieurs reprises, dans les médias ou encore dans son allocution aux assises de la médiation numérique, la ministre a rappelé que la République ne pouvait se concevoir sans accompagnement. Concrètement cela se traduit à travers la rédaction de l’Article 35 de la loi :
» Dans les domaines de compétence que la loi leur attribue, les conseils départementaux ou régionaux peuvent établir une stratégie de développement des usages et services numériques sur leur territoire. Cette stratégie, à valeur indicative, constitue un volet du schéma directeur territorial d’aménagement numérique. Elle vise à favoriser l’équilibre de l’offre de services numériques sur le territoire ainsi que la mise en place de ressources mutualisées, publiques et privées, notamment en matière de médiation numérique. Le projet de stratégie peut faire l’objet d’une concertation pour recueillir les observations du public. »
Inutile de chercher ailleurs, c’est la seule fois que le texte fait mention de médiation numérique, une mention facultative. Le député Tardy a d’abord proposé se supprimer cet article dans le sens où celui-ci n’était en rien contraignant et n’était que du verbiage. Le député Martin-Lallande a défendu, quant à lui, un amendement visant à rendre obligatoire le schéma des usages, sans succès.
amendement rejeté la médiation numérique reste donc optionnelle. #PJLNumerique #mednum
— Numedia (@assonumedia) 21 Janvier 2016
Et l’accompagnement alors ?
Beaucoup d’entre nous ont l’expérience qu’une compétence optionnelle devient rapidement une compétence oubliée. Pour autant les professionnels de la médiation numérique savent l’importance de l’accompagnement aux usages numériques. En mars l’inscription des chômeurs à Pôle-Emploi ne se ferra plus que par internet. Dans mon Espace Public Numérique les demandeurs d’emplois représentent 40% des visites alors que nous sommes situés à 200 Mètres de l’Agence Pôle-Emploi et il n’y a pas d’autre Espace Public Numérique dans les 50 kilomètres à la ronde….Que dire des seniors qui vont voir toutes leurs démarches liées aux caisse de retraite dématérialisées ? Déjà que les retraités trustent les ateliers d’initiation « basiques » (les ateliers de découverte, de bureautique, internet), il y a peu de chances qu’avec une clause optionnelle liée aux usages ceux-ci se développent dans les territoires qui les ignorent depuis dix ans.
Pour autant, les choses ne sont pas perdues et je veux croire que nous pouvons encore agir collectivement pour défendre nos intérêts et, à travers eux, ceux des usagers. C’est dans ce sens que je me suis investi dans Numédia, la Fédération des Professionnels de la Médiation Numérique. Numédia a pour vocation contribuer à la reconnaissance de nos métiers, la structuration de nos carrières et de nos parcours de formation et d’évolution. Je vous invite, vous aussi, à vous fédérer autour de ces questions. « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »