Dans le huis clos,l’arbitre défini précisément l’espace dans lequel se déroule l’improvisation (cuisine, sous-marin de poche, voiture, boite d’allumette…). Cet espace est entièrement représenté par l’espace de jeu. Aucune entrée, sortie ou mise en réserve n’est autorisée. Évidement, l’improvisation n’a pas le droit de changer de lieu.
Le lieu
La définition du lieu peut à elle toute seule donner naissance à une improvisation extraordinaire. A mon sens le lieu à bannir par excellence est l’ascenseur. Le coup de la panne c’est vu et revu et ce n’est plus de l’impro ! Notons que le lieu n’a pas besoin d’être petit. Dans la vie quotidienne le huis clos est surtout connu pour être employé dans les procès, pas spécialement un petit lieu. Vous pouvez définir un lieu caractéristique qui devrait orienter le déroulé de votre improvisation : un sous-marin, une montgolfière, un télésiège, une capsule spatiale, la vitrine des grands magasins, une cellule, ..
A propos de sa pièce Jean Paul Sartre disait :
« Je me suis dit, comment peut-on mettre ensemble trois personnes sans jamais faire sortir l’une d’elles et les garder sur la scène jusqu’au bout comme pour l’éternité. C’est là que m’est venue l’idée de les mettre en enfer et de les faire chacun le bourreau des deux autres. »
Les relations entre les personnages
Le rapport avec les autres est également l’une des thématiques abordée par Jean Paul Sartre. Aussi, nous pouvons placer notre huis clos dans un lieu quelconque (une salle de réunion par exemple) mais avec une dramaturgie forte qui va nourrir ce huis clos (un conseil d’administration qui doit décider de la liquidation de l’entreprise par exemple). Pour étayer cet aspect, je vous invite vivement à transformer l’un de vos ateliers en murder-party et de faire jouer « Un serpent de cendre » qui est un huis clos mettant en scène de six à douze anciens membres d’une secte se retrouvant près cinq années de séparation.
Le oui et
Le huis clos c’est aussi une opportunité de construction. Deux improvisateurs dans un huis clos devront s’écouter et construire à coup de « oui et… » Rien que pour cela, on devrait faire jouer des huis clos dans nos ateliers plus souvent. Je terminerais cet article avec deux citations de Jean Paul Sartre à propos de sa pièce et tout d’abord son postulat de départ :
« J’avais trois amis et je voulais qu’ils jouent une pièce, une pièce de moi, sans avantager aucun d’eux. C’est à dire , je voulais qu’ils restent ensemble tout le temps sur la scène. Parce que je me disais , s’il y en a un qui s’en va, il pensera que les autres ont un meilleur rôle au moment où il s’en va. Je voulais donc les garder ensemble »
Nous devrions garder ce postulat en mémoire en jouant un huis clos pour qu’aucun des improvisateurs ne tire la couverture à lui et reste à l’écoute des autres en permanence.
« Vous voyez donc que, rapports avec les autres, encroûtement et liberté , liberté comme l’autre face à peine suggérée , ce sont les trois thèmes de la pièce. Je voudrais qu’on se le rappelle quand vous entendrez dire : « l’enfer c’est les autres. »
Ces trois thèmes peuvent aussi être source d’inspiration pour nos improvisations huis clos, même si nous n’abordons qu’un seul d’entre eux. Les plus téméraires pourront donner à jouer une improvisation de catégorie « Huis Clos » se déroulant en enfer avec comme thème « L’enfer c’est les autres ». Bon courage !
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