
Changer la société grâce au numérique. Telle est la promesse que certains utilisateurs ont entendu et saisi. Une promesse qui a engendré parfois des désillusions. Mais personne n’a dit que changer la société serait chose facile. Et quand bien même le numérique pourrait permettre des changements il n’en demeure pas moins un outil, un simple outil, et non une baguette magique. Est-ce que le numérique a changé quelque chose ? En quoi contribue t il à la volonté exprimée par certains de changer la société ?
Faire société
Le numérique est amplificateur. Sa première force est de pouvoir mettre en lien les gens, les idées, les lieux, les projets, les envies. Il y a quelques années, j’ai créé une association. Le numérique m’a permis de la faire connaître, de trouver des intervenants, des financements. Cependant le numérique n’a pas servi à la faire vivre au quotidien, à démarcher, à faire acte de représentation ou à compléter les dossiers de demande de subvention. Le numérique dans cet exemple m’a ouvert des portes, m’a offert des opportunités. Il ne m’a dispensé de faire le travail « ingrat » . Parfois le numérique permet juste une rencontre. De la rencontre ne naît pas nécessairement une action. Juste le simple fait de pouvoir faire une rencontre est un réussite. Alors bien sur on peut vouloir mettre en place un projet ensemble par la suite. Bien sur on peut vouloir utiliser le numérique pour cette mise en œuvre. Mais cela ne signifie pas que l’on va nécessairement parvenir au résultat escompté au départ. Pour autant, on aura réussi. On aura réussi car on aura partagé notre idée avec quelqu’un d’autre, parfois même sans aller plus loin. Faire société, c’est créer du lien et le numérique est vecteur de liens.
Innovation sociale
Les initiatives citoyennes qui changent la société sont nombreuses. Citons parmi elles les démarches de jardin partagé, de recyclerie ou de monnaie complémentaires par exemple. Ces initiatives germent parfois sur Internet sous la forme « j’ai une idée, si on la mettait en place ? » On peut remarquer que ces initiatives dépassaient rarement le cercle des convaincus, alors que généralement leur objectif est de s’adresser à tous. Même en utilisant des outils de communication de masse comme Facebook l’information n’est pas perçue. Le médiateur numérique peut accompagner ces mouvements formels ou informels dans leur stratégie de webmarketing par exemple. Il peut aussi grâce à un travail de veille créer du lien entre des acteurs qui sont sur la même longueur d’onde. Créer du lien pour renforcer la capacité d’agir, c’est un des fondements de la médiation numérique à mon sens. Et ça, ça change le monde.
Le défi numérique face à l’individu, ou plutôt, l’individu face à son outil numérique est bien représenté ici. La limite principale du numérique reste sans doute d’être compris dans sa palette d’outils constructifs, et sa capacité à être un levier constructeur.
La médiation numérique, elle, doit ouvrir ces portes, par des moyens détournés. Au fil de mon expérience, certes courte (3 mois), de médiation numérique, il a toujours été plus facile de mettre les bénéficiaires derrière un écran sans jamais leur avoir parlé de numérique.
Les liens humains se créent dans des groupes de 2 à 4 personnes, là où les demandes et idées sont entendues et partagées. Et grâce à ces moments, le créateur de lien qu’est le numérique ouvre aussi l’accès à la culture du même nom. Un métier de patience, de confiance réciproque, d’écoute et d’initiatives.
Reste à savoir comment nos missions sont déterminées et définies. Un médiateur numérique, est-ce un médiateur entre une population éloignée de ces outils et ceux-ci ? Ou un médiateur grâce à ces outils ? Ou un médiateur pour créer du lien, social, humain grâce au numérique ?
Alors le numérique est donc : un enjeu, un outil et un objectif ! (Va falloir expliquer à mes formateurs en Educ Pop, pour remplir les tableaux de méthodo…)