Le numérique est partout, dans tous les rouages du pouvoir, utilisé pour permettre aux citoyens de contribuer au débat. Les plateformes se multiplient pour solliciter notre avis sur la politique logement par exemple, ou sur les mobilités. Les formes de consultation intègrent également des questions au premier Ministre sur sa page Facebook et des compte rendus réguliers de l’action gouvernementale sur Periscope par le porte parole du gouvernement. Mais s’il y a une consultation qu’il faut distinguer des autres c’est la consultation Démocratie Numérique présidée par la Députée Paula Forteza. Cette consultation s’inscrit dans un cadre plus globale de réforme de l’Assemblée Nationale initiée par son Président.
Démocratie Numérique
Pendant un mois (jusqu’au 6 novembre) tous les Français peuvent contribuer sur le site. Or une des grandes limites de cet outil est l’existence d’une fracture numérique. Elle se manifeste notamment par le fait que certains n’aient pas accès à internet ou ne soient pas à l’aise avec l’informatique. Dans l’ensemble, les Français ne semblent pas voir dans Internet un moyen de participer davantage politiquement. Seul un quart est d’accord avec l’idée qu’Internet permet de mieux comprendre les questions politiques et seuls 29% avec le fait qu’Internet permet d’avoir un plus grand impact politique. (Voir l’enquête capacity ). Dans sa présentation de la question citoyenne au gouvernement, le directeur de Make.org mise sur une audience cumulée de 5 millions de citoyens sur la législature. Ceci représente environ 1% des électeurs inscrits. Si on souhaite que le numérique soit un outil de démocratie, il faut faire en sorte d’impliquer un plus grand nombre de citoyens. Il faut déployer une réelle politique d’inclusion numérique.
Inclusion Numérique
Quand Paula Forteza mène des ateliers sur l’art et la manière d’avoir un site Internet à ses collègues députés, elle peut aisément imaginer le gouffre qu’il faut combler pour que la voisine du 4ieme utilise une plateforme pour donner son avis sur la politique à suivre pour réformer l’Assemblée Nationale. J’ai participé aux travaux du Conseil National du Numérique sur le rapport e-inclusion en 2013. Voici les propositions que je formulais à l’époque :
- Inscrire la médiation numérique dans les stratégies politiques nationales et locales.
- Consacrer et sanctuariser 1% des budgets d’infrastructures et de développement local aux actions de médiation numérique.
- Mettre en œuvre un programme national de formation des professionnels de la médiation numérique.
Ces propositions sont d’autant plus d’actualité, que la volonté du Président de la République est de tendre vers un état plateforme avec 100% des services publics en ligne d’ici 2022. La Loi République Numérique a inscrit dans son article 69 la possibilité pour les collectivités territoriales d’adosser un schéma des usages numériques au schéma d’aménagement numérique du territoire qui est lui même facultatif. Il est grand temps que le numérique ne soit plus une variable d’ajustement. Il est grand temps que les élus saisissent les enjeux du numérique. Il est grand temps que l’on cesse de perdre de l’énergie à expliquer le potentiel de l’Opendata quand celui ci est acté dans la loi. Il est grand de faire de la littératie numérique pour tous.
Société Numérique
Pour construire une société numérique il faut que tous les citoyens soient égaux. Il faut non seulement qu’ils soient égaux en terme d’infrastructure mais surtout qu’ils aient tous la possibilité de comprendre les enjeux de la société numérique. Plus nos concitoyens seront formés, accompagnés et sensibilisés aux usages du numérique, à leurs impacts sur les modes de travail et de collaboration, sur la participation citoyenne en ligne, sur les modes de consommation collaboratifs, etc. plus ils seront en mesure d’inventer de nouveaux usages, de nouveaux services et créer ainsi de la valeur et du bien vivre ensemble. Le chantier doit se dérouler à tous les étages depuis les plus hautes administrations de l’état jusqu’aux populations les plus vulnérables. Il y a dans nos quartiers, nos villages des pépites qui ne demandent qu’à éclore grâce au numérique. Pour que la Société numérique se transforme en République Numérique, il faut de la médiation. Il faut des hommes et des femmes qui puissent accompagner, sensibiliser, former, écouter, designer..En un mot il faut construire une stratégie nationale de médiation numérique. L’avantage en la matière c’est que les consultations et rapport sur ce sujet sont nombreux, y compris quand un Mounir Mahjoubi était Président du Conseil National du Numérique