Cela fait des années que je surfe sur le web. Sans trop vouloir jouer au vieux combattant, j’étais même là avant Google. Internet c’est le reflet de notre société. Et malheureusement le web n’est pas des plus accueillant pour les femmes. Plusieurs fois j’ai observé des usages qui m’ont fait dire que cela ne devait pas être facile tous les jours pour une femme. J’ai vu des apostrophes qui m’ont choqué. J’ai vu des publications qui m’ont dégouté de la gente masculine. Je n’arrivais pas à comprendre comment on pouvait se comporter publiquement de la sorte avec des femmes. Et puis pendant plusieurs mois j’ai été le community manager d’une femme publique. Et j’ai découvert un envers du décor encore pire que je ne l’imaginais.

SOS d’une internaute en détresse

Il n’y a pas eu une semaine sans recevoir une requête. En fait, il y en avait souvent plusieurs requêtes dans une même semaine. Le plus souvent elles étaient envoyées par des femmes. Régulièrement l’accroche était : « Madame, je vous écris car vous êtes une femme, et entre femmes on peut se comprendre… »Ce qui était assez troublant; c’est que ces femmes envoyaient des bouteilles à la mer. Tous ces témoignages reçus ont mis en évidence qu’internet pouvait permettre à des femmes (en particulier) de trouver un espace de paroles. Pour dix femmes qui ont adressé un témoignage, combien sont restées silencieuses ? Nous avons pu observer combien le hashtag #balancetonporc a pur être repris par des milliers, voire des millions de femmes, parfois sous couvert de l’anonymat. Aussi,je ne peux qu’être dubitatif quand j’entends le gouvernement vouloir mettre fin à l’anonymat sur internet

Quand on a que la haine

Etre dans les clics d’une femme publique c’est également recevoir au mieux des commentaires déplacés et hélas aussi des propositions salaces. Et là aussi, j’ai été impressionné par le nombre et la diversité de ses sollicitations. Il y avait ceux qui avaient de la classe, auxquels j’avais parfois envie de répondre un mot gentil. Pour autant, malgré les propos agréables je me demandais comment ils pouvaient espérer arriver à leurs fins. J’arrive à concevoir qu’on puisse trouver une femme jolie. De là à lui envoyer un message en vue de provoquer une rencontre, il y a un pas. Sur un site de rencontres en ligne, cela pourrait être compréhensible, mais sur un réseau social professionnel comme Linkedin, c’est plus que surprenant, c’est déplacé. Même quand c’est fait avec élégance. Hélas encore l’élégance n’est pas toujours au rendez-vous. Alors effectivement quand on reçoit ce type de remarques, on a envie que cela cesse. On a encore plus envie que cela s’arrête quand on s’aperçoit que nos filles de 16 ans sont déjà habituées à ce type de commentaires. Je comprends que l’on ait envie que nos filles ne soient pas confrontées à cela. Est-ce que pour autant nous devons construire un web artificiel aseptisé ? A mon sens cela serait pire de les laisser dans un monde d’illusions.

Le web au féminim

Il nous reste un espoir. Celui de construire un web au féminin. Celui de montrer à nos filles que le web sera ce qu’elles en feront et qu’il sera meilleur si elles décident d’investir la toile. Devenez codeuse, programatrice, webdesigneuse ou autre. Donnez un second souffle au web, et construisez une société qui nous rassemble.

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