Uberisation, Big-Data, transhumanisme, biens-communs, identité numérique, cyber-harcèlement, dématérialisation, complotisme, transparence….les enjeux liés à notre société numérique sont nombreux. Ils touchent à des domaines très divers et qui s’étendent bien au-delà de la sphère numérique. Je crois que c’est le rôle d’un médiateur numérique que d’éclairer le public sur ces enjeux. Le premier enjeu serait ainsi de diffuser des éléments de culture numérique accessible à tous. Le défi peut paraître insurmontable, il reste néanmoins accessible.
Vers la médiation numérique
Quelque soit l’outil utilisé, quelque soit l’usage il y a toujours un enjeu qui est lié. La première étape consiste à identifier au moins un enjeu lié à ce qu nous faisons. Un atelier d’accompagnement de demandeurs d’emploi peut être le lieu pour parler d’identité numérique. C’est ce passage à l’échelle qui a caractérisé mon changement de posture passant de l’animation multimédia à la médiation numérique.
Animateur multimédia, je menais des séquences sur l’art de faire des recherches sur internet et j’utilisais Google. Médiateur numérique, je menais les mêmes ateliers mais en mettant en lumière la manière dont Google utilise nos données à travers son moteur de recherche. Ce qui caractérise la démarche pour moi c’est de passer du statut d’utilisateur à celui d’utillisActeur. Et ceci implique une vision d’ensemble qui dépasse de loin le champ du numérique (rapport à la vie privée par exemple).
Se former ou s’autoformer ?
Mener un temps de sensibilisation à l’Open data demande plus de travail que conduire un atelier d’initiation au logiciel de traitement de texte. Au-delà de ma formation initiale à travers le DU3MI, c’est l’autoformation qui m’a permis d’acquérir les compétences et connaissances pour pouvoir aborder les enjeux numériques. L’autoformation a cependant beaucoup de limites. La première d’entre elles repose sur la volonté d’acquérir des savoirs. Cette limite est tout de suite confrontée à une autre : la disponibilité. Dans un secteur qui évolue autant que le nôtre il faudrait pouvoir consacrer au moins 10% de son temps de travail à se former; l’équivalent d’une demi-journée par semaine. Or le temps de travail est souvent du temps de présence en face à face public guère compatible avec l’acquisition de nouvelles compétences.
Une autre difficulté consiste à trouver des cursus de formation. Sur un sujet donné il peut y avoir une myriade de ressources disponibles en ligne. Il serait plus efficace de pouvoir échanger, croiser les regards et les pratiques autour d’une demande. Ces temps de mutualisation sont rares et entrent rarement dans le plan de formation de l’employeur. Ils sont pourtant indispensables et complémentaires aux ressources en ligne.
Médiation scientifique
Par analogie avec les médiateurs scientifiques, les médiateurs numériques seraient « capables de concevoir, de contractualiser et d’animer des actions d’information, d’initiation et d’éducation auprès de publics très diversifiés. Ces professionnels sont amenés à intervenir de différentes manières : animations d’ateliers, séances de découvertes, de conception de matériels pédagogiques (livrets, fiches, expositions, malles), et d’actions de sensibilisation et d’éducation à plus long terme. Ils doivent être capables d’accompagner la mise en œuvre des politiques numériques en contribuant au débat public et en réalisant des actions de diffusion, d’information, de formation, ouvertes à tous.
Les milieux d’intervention sont formels et non formels : écoles primaires, collèges, lycées, associations d’éducation populaire, centres de culture scientifique, institutions muséales, centres du patrimoine pour l’essentiel ; mais des actions se développent également, dans les collectivités territoriales, en entreprise. » (en référence à la Licence Pro de l’université de Tours médiation scientifique et éducation à l’environnement).
En attendant que ce type de formation existe, l’essentiel se fait en interne. L’offre est générée de manière informelle par les médiateurs numériques eux-mêmes. Les ressources mises à disposition sont nombreuses et riches. Elles sont sources d’inspiration, elle sont sources d’apprentissage. Pour pouvoir appréhender les enjeux de la société numérique dans un Espace Public Numérique, mettons en avant nos ressources sur ces sujets.