La mission d’information du Sénat sur la lutte contre l’illectronisme a rendu son rapport en fin de semaine. Quelques jours auparavant, cette mission avait auditionné Cédric O. Le secrétaire d’état à la transition numérique a ainsi estimé que le manque de formateurs est le principal point de blocage. Dans son rapport la mission d’information du Sénat confirme qu’il est urgent de forger une véritable filière professionnelle de médiateurs numériques,. Elle appelle à un plan national de formation et une meilleure reconnaissance du métier de médiateur numérique. La mission va même jusqu’à réclamer un milliard d’euros pour financer l’inclusion numérique.
Inclusion numérique et handicap.
La mission d’information du Sénat fait 45 propositions. Ainsi elle propose d’avoir une approche plus fine de l’illectronisme. Elle insiste particulièrement sur les handicapés qui peuvent être en situation d’exclusion numérique forcée. Trop peu de sites sont en conformité avec les règles d’accessibilité web. Il y a en la matière un retard conséquent à rattraper d’une part. D’autre part cette question de l’accessibilité numérique doit être mieux intégrer dans les formations initiales et continues de nos designers web. Dans mon audition, j’avais été interrogé sur le rapport de l’OPIIEC « Produire des contenus et services respectant les normes d’accessibilité numérique « . J’avais rappelé le retard dans la prise en compte des handicaps que cela soit physiquement ou en ligne. Si vous ouvrez demain un magasin qui ne respecte pas ces normes, il sera fermé. Si vous faîtes une boutique en ligne, elle ne sera même pas contrôlée. La question posée par la mission d’information du Sénat est somme toute assez simple. Peut-on prétendre mener une politique d’inclusion numérique en excluant de fait 20% de la population ?
Définir l’illectronisme.
La définition d’illectronisme couvre plusieurs réalités. Le terme en lui-même fait débat. Du reste,nous sommes nombreux à lui préférer « l’illettrisme numérique ». Selon l’Insee, il y a 14 millions de français en situation d’illectronisme. Ce chiffre est un instantané. Pour pouvoir le mesurer il faut l’évaluer régulièrement. Le numérique est en perpétuel mouvement et il faut être particulièrement agile pour s’adapter aux nouveaux usages. De plus le référentiel ne rentre pas dans la finesse. Si vous savez effectuer une recherche sur internet, vous n’êtes pas en situation d’illectronisme même si vous n’êtes pas capable d’interpréter les résultats de votre recherche.
La mission d’information préconise d’établir un référentiel commun et de mieux coordonner la réponse.
Former les médiateurs
La mission enfonce le clou en réclamant une véritable filière professionnelle de médiateurs numériques. Ainsi elle propose la création d’un Bac Pro Médiation Numérique. Par ailleurs les sénateurs appellent au lancement d’un plan national de formation et à une meilleure reconnaissance du métier de médiateur numérique. Enfin et surtout la mission d’information du Sénat estime qu’il faut mobiliser un milliard d’euros d’ici 2022 pour financer l’inclusion numérique. ! Pour le dire plus simplement, la commission étrille 20 ans de politique publique dans le domaine. Tout doit être revu. Les conclusions de cette mission d’informations sont sans appels et font écho à d’autres publications précédentes comme le rapport Camani-Verdier ou encore le rapport Ambition Numérique. La réponse proposée par le gouvernement dans le cadre du plan de relance n’est pas du tout à la hauteur selon les sénateurs.
Médiation numérique
La mission d’information du Sénat met bien en avant que le rôle du médiateur numérique n’est pas de faire à la place de l’usager mais bien de l’accompagner dans son autonomie. Pour autant, le rapport tourne essentiellement sur les démarches administratives. Il y a donc un enjeu de taille à veiller aux contenus d’une formation de médiateur numérique. La mission préconise de s’appuyer sur LaMednum,les Hubs et sur Aptic pour donner un nouveau souffle à la médiation numérique. J’observe que très peu de médiateurs numériques font partie intégrante de ces instances. On peut être un acteur de l’inclusion numérique sans être médiateur numérique. C’est le cas de nombreux acteurs. les médiateurs continuent,eux, de rester invisibles. Chers amis, il est plus que temps de se réunir sous une même bannière au risque d’être exclus des décisions qui nous concernent.