L’inclusion c’est permettre à tous de participer à la société en prenant en compte les spécificités de chacun. Dans une société inclusive c’est la société qui fait l’effort de s’adapter aux spécificités de l’individu. Cela ne signifie pas que l’individu n’a rien à produire de son côté, mais que sa part d’effort est adaptée à sa situation personnelle. En matière de handicap, l’exemple le plus connu est de mettre des rampes pour permettre en mobilité réduite d’accéder à un bâtiment. Qu’en est il pour le numérique ? Permettons nous aux publics handicapés d’avoir accès aux outils et services numériques ? Le numérique peut il est un outil au service de l’inclusion de ces publics ? Quelles médiations pouvons nous mettre en place ? C’est que nous allons tenter d’aborder dans cet article non sans revenir tout d’abord sur la notion de handicap.
Les chiffres du handicap
Dans une étude sortie en avril 2023, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) réalise une synthèse de l’information statistique disponible, à partir de travaux et d’études déjà publiés. En 2021, 6,8 millions (13 %) de personnes de 15 ans ou plus vivant à leur domicile déclarent avoir au moins une limitation sévère dans une fonction physique, sensorielle ou cognitive et 3,4 millions (6 %) déclarent être fortement restreintes dans des activités habituelles, en raison d’un problème de santé. Selon la définition retenue, de la plus stricte qui impose de cumuler ces deux critères, ou la plus large qui prend en compte l’ensemble des limitations et restrictions, on compte entre 2,6 millions et 7,6 millions de personnes handicapées ou dépendantes de 15 ans ou plus vivant en logement ordinaire.

Les types de handicap
La loi du 11 février 2005 définit le handicap de la façon suivante :
« Constitue un Handicap, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »
Il existe quatre types de handicaps :
- Handicap moteur.
- Handicap mental.
- Handicap cognitif.
- Handicap psychique.
A l’intérieure d’une même famille de handicaps, il y a de nombreuses variations. Il peut y avoir des approches généralistes sur un type de handicap (le cas de la rampe d’accès) mais il faudra nécessairement une approche personnalisée. Ainsi pour les élèves DYS, il peut exister des sélections d’applications numériques, mais il faut garder en tête que ce qui convient à un élève dyspraxique (par exemple) pourra ne pas convenir à l’autre.
Enfin, gardons à l’esprit que 80% des handicaps sont invisibles. Dans un groupe de six personnes, l’une d’entre elles sera porteuse d’un handicap. Voyons comment nous pouvons adapter notre offre de services pour inclure cette personne.
Inclusion par le numérique
Commençons par rappeler les limites de notre métier, être médiateur numérique ce n’est pas être éducateur spécialisé ni expert en accessibilité web. L’essence du métier de médiateur numérique est de diffuser des éléments de littératie numérique pour que chacun puisse en suite agir en tant que citoyen. Notre premier devoir est ainsi de s’adresser prioritairement aux personnes les plus éloignées en adaptant des outils ou méthodes adaptées à leur profil. C’est en cela que notre action est inclusive, parce qu’elle contribue à réduire cet éloignement de ces publics. Il faut garder à l’esprit que notre action n’est qu’une modeste contribution à la situation d’ensemble, ce n’est pas ce qui doit pour autant empêcher d’agir.
Je ne voudrais pas revenir sur cette terminologie d’inclusion numérique, mais si la volonté est bien d’inclure au numérique alors il convient de ne pas exclure. Pourtant à peine 5% des démarches publiques en ligne sont accessibles aux personnes en situation de handicap. Comme l’explique Julie MOYNAT sur son blog : « On entend souvent les défenseurs et défenseuses de l’accessibilité dire que l’accessibilité est un enjeu politique. On a un peu trop tendance, il me semble, à oublier que si l’accessibilité est politique, fatalement, l’inaccessibilité est également politique. En effet, l’inaccessibilité constitue une discrimination à l’égard des personnes handicapées. C’est politique. Fondamentalement politique. »
A l’échelle individuelle, nous pouvons agir sur nos productions, et particulier nos fameux tutoriels diffusés en atelier.
Numérique pour tous
Il est fort regrettable que les formations de médiateur numérique n’incluent pas de modules sur l’accueil de publics handicapés. Dans le cadre du Conseil National de la Refondation, les questions de handicap ont bien été abordées dans le volet numérique. Cependant elles ne figurent plus sur la feuille de route, alors même qu’un groupe de travail s’était penché dessus. Le combat est long et compliqué.
Mais quand on parle de numérique et de handicap, nous ne devons pas nous arrêter à la question de l’accessibilité. Il y a quelques années de cela, au début de la médiation numérique on parlait du « numérique pour tous ». Combien d’actions menons nous spécifiquement à destination de publics handicapés ? Combien d’éducateurs spécialisés sont associés à nos échanges ? Pourtant il existe tout un volet qui peut être mobilisé notamment concernant celui de l’accès à la culture et la pratique du e-sport.
Sortez des formulaires des impôts qui empoisonnent votre quotidien pour mettre en oeuvre un numérique émancipateur pour tous, y compris pour les publics handicapés. Des ateliers de lightpainting, des tournois de jeux vidéos, des visites virtuelles de musées…; mélangez les publics, les équipes. Utilisez les outils numérique pour favoriser l’inclusion sociale. Passez de l’inclusion au numérique à l’inclusion par le numérique.