A force d’être appelé pour animer des présentations sur les dangers d’internet, je me questionne de plus en plus sur cet amalgame entre internet et danger.
D’une part on ne peut pas prétendre qu’on peut naviguer sur internet en toute impunité sans courir le moindre risque. Mais est-ce que là où il y a risque il y a danger ? Rien n’est moins sur.
Des risques liés à Internet
Il va du rôle du médiateur numérique d’aborder la question des risques liés aux usages de l’internet (ou d’une manière plus générale de l’outil numérique). Les risques proviennent de l’utilisation que nous faisons de l’outil et non de l’outil en lui-même, la technologie est neutre. Ainsi on ne peut prétendre qu’internet est dangereux, on ne peut que constater qu’un mauvais usage de cet outil engendre une prise de risques.
En notre qualité de médiateur, il faut donc sensibiliser le public à un usage responsable des outils numériques.Par cet usage responsable, nous pouvons éduquer sur les risques que peuvent engendrer des mauvaises pratiques. Mais si nous véhiculons comme message qu’internet est dangereux, il faut alors être cohérent et retirer nos enfants de cet outil.
L’Internet de tous les dangers
Le traitement médiatique réservé à l’outil numérique n’aide guère à notre mission. Harcèlement sur Facebook, cyber criminalité, piratage, logiciels espions, et tant d’autres expression qui laissent à penser que la troisième guerre mondiale a lieu sur le net. Sortie de son contexte Hadopi, la terminologie « risposte graduée » n’est pas sans rappeler les heures de la guerre froide. Le danger, ce n’est pas Internet, c’est l’image qu’on veut nous donner cet outil formidable. Au delà de cette présentation noircie de l’outil, l’objectif est d’aseptiser cet espace de liberté au nom d’un principe de précaution dont on peut douter. La mécanique est simple, en braquant les feux de la rampe sur cet élève qui s’est fait harceler sur Facebook, on va proposer de suspendre le compte Facebook des fauteurs de troubles. Pour emballer tout cela on va s’adosser à une association qui a pignon sur rue et on va ainsi vanter les bienfaits de l’internet régulé.
L’internet est en danger. Votre mission, médiateurs numériques, si vous l’acceptez et de sauver le cyberespace.
3 Responses
Pouvez-vous éditer cet article sur educavox?
Site collaboratif il suffit de s’inscrire, on reçoit un code et ensuite on peut accéder à un script en ligne…Merci!
Bonjour,
Merci pour cette invitation, je suis un peu rouillé sur l’utilisation de spip. J’espère que le rendu sera conforme à vos attentes.
Bonjour,
de mon côté je fais aussi régulièrement des présentation sur le thème des Dangers du Web. On peut être d’accord sur cette analyse risques!=Dangers, mais limiter ce débat à un usage responsable (sans prise de risque) est peut-être un raccourci.
On peut être complètement responsable et se faire piéger par de nombreux logiciels malveillants, il n’y pas vraiment de danger dira-t-on, mais demandez à votre voisin qui ne bidouille pas si cela lui fait plaisir de sortir son portefeuille pour que tout rentre dans l’ordre.
On peut être naïf et répondre à des sollicitations douteuses sans même se poser de question et se retrouver piégé (lettre de relance d’Orange ou de la Caf par exemple). Encore une fois on dira que c’est l’utilisation de l’outil qui est à déplorer, mais c’est l’utilisateur final qui se met en danger.
Je ne parle même pas des réseaux sociaux où j’en découvre tous les jours.
Je suis aussi contre un espace aseptisé, contre toute forme de censure par des autorités qui ne font pas l’effort d’informer et de former.
C’est vrai qu’il est plus facile de brandir le bâton que de prendre quelques heures pour exposer des faits.
Internet est un formidable lieux d’échange, mais notre rôle de « médiateur » est d’en montrer tous (ou presque) les aspects et d’apporter des solutions afin que chacun puisse se l’approprier en minimisant les risques ou ne se mette en danger.
Pour conclure je citerai Eric Schmidt de Google : « La technologie bougera plus vite que les gouvernements, donc n’essayez pas de légiférer avant d’en comprendre les conséquences »