La médiation numérique prend sens à l’échelle du territoire. Elle doit s’appuyer sur différents dispositifs pour être ensuite déclinée de manière plus opérationnelle.Nous allons aborder dans ce billet ces dispositifs de médiation numérique.
Des lieux
Les lieux vont permettre d’accueillir les habitants. Certains lieux sont plus propices à répondre à des enjeux stratégiques identifiés. L’éducation aux médias a plus de sens dans une bibliothèque que dans une chambre de commerce a priori. Pour autant, il est essentiel pour un commerçant de savoir reconnaître une arnaque, ce qui peut relever de l’éducation aux médias. Ainsi, il faut identifier ce qui peut être la spécificité d’un lieu tout en pensant l’articulation entre les différents lieux. De plus, il peut y avoir du sens à penser des lieux spécifiquement dédiés à la culture numérique, comme les fablabs par exemple. Bien sur les tiers-lieux sont des endroits propices au développement des usages numériques. Le programme Nouveaux Lieux, Nouveaux Liens présente quelques uns de ces lieux comme la Quincaillerie à Guéret.
L’avenir des EPN ?
En 2012, Hubert Guillaud s’interrogeait déjà sur l’avenir des EPN. Cette question au fil des ans est devenue de plus en plus prégnante notamment avec l’abandon du label cyberbase. La fin de ce programme a remis profondément en cause la notion de lieu totem autour du numérique. Ainsi il faudra surement sur un même territoire, un lieu ressource qui coordonne les actions de médiation numériques. D’autre part, il faudra une diversité de lieux dans lesquels des actions de médiation numérique pourront être menées. Enfin dans un troisième temps, on peut également imaginer un lieu à forte identité numérique comme un fab lab ou un espace de coworking qui viendront renforcer les lieux existants. La médiation numérique se conçoit à l’échelle du territoire, elle implique des lieux différents articulés autour d’un schéma des usages numériques.
Aller vers
Les dispositifs itinérants sont un autre aspect de la médiation numérique. Ils répondent au postulat évident que tout le monde ne peut pas se rendre dans un lieu donné. Il peut y avoir des freins de mobilité, d’interdit social, de manque de connaissance. Le principe est donc de se déplacer vers l’usager. Ces dispositifs sont de plusieurs sortes. On trouve des dispositifs mobiles qui sont des émanations de lieux physiques existant. Un fablab intégrera très vraisemblablement dans son dispositif de médiation numérique une structure mobile pour aller à la rencontre des publics. C’est le cas par exemple du DIPBike à Créteil.
Dans un autre registre, on trouve des dispositifs itinérants liés à des offres de service. Ce sont typiquement les bus FranceService, ou les bus d’éducation au numérique de la Maif . Enfin, il ya tout le champ du service à la personne porté à la fois par les collectivités (à travers leurs CCASS), les entreprises de service à la personne et bien entendu les indépendants (comme le réseau des assistants numériques ).
De plus, la logique du « aller-vers » implique de nouvelles dynamiques. Longtemps, le médiateur numérique est resté entre les quatre murs de son espace numérique à accueillir le public. Il faut dire que la demande était telle que parfois l’attente pour participer à un atelier se comptait en mois pour l’usager. Puis petit à petit, il a fallu mettre en place de nouvelles formes de médiations pour aller chercher le public éloigné du numérique en particulier. C’est un aspect que nous reverrons dans les compétences du médiateur, lors d’un prochain billet.
A distance
Enfin, en matière de médiation numérique, le distanciel représente un dispositif en tant que tel. Les bibliothécaires proposent par exemple le service Eurékoi. Ce service accessible en ligne répond à toutes vos questions depuis une quinzaine d’années. Les bibliothèques utilisent également Youtube pour nous présenter certains livres.
Ainsi, beaucoup de médiateurs ont eu recours à des outils comme Discord ou zoom pour continuer leurs activités pendant le confinement. Dans un autre registre, j’ai déjà parlé précédemment des promeneurs du net qui tiennent des permanences sur les réseaux sociaux.
Enfin comment ne pas évoquer le dispositif Solidarité numérique, qui permet de venir en aide par téléphone sur toute question liée aux usages numériques. Ce service a récemment été relancé et s’appuie désormais sur une équipe resserrée. Notons aussi que le Département de la Charente-Maritime a lancé son propre service de Solidarité Numérique.
La technologie permet de nouvelles formes de médiations. Contrairement à l’idée reçue, celles_ci ne s’opposent pas au lien physique. Elles viennent en complément ou en substitution du contact. Ce blog en lui-même constitue un dispositif de médiation numérique sur la médiation numérique.
Dans une stratégie locale d’inclusion numérique, ces trois types de dispositifs doivent être intégrés. Ils doivent être animés par des professionnels. Ils peuvent être également complétés par des bénévoles ou des volontaires. Nous aborderons dans un prochain billet les différents profils de ces acteurs de la médiation numérique.
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