Roland est venu avec une demande assez simple. Il a vu à la télévision une publicité pour faire des livres photos depuis son ordinateur. Il aimerait avoir un de ces livres photos parce que de toute façons il ne les regarde pas les photos sur l’ordinateur. D’ailleurs l’ordinateur il ne l’allume pas trop. C’est Bernadette qui s’en occupait. Mais elle est partie. C’est son auxiliaire de vie qui lui a dit de venir à l’EPN. Roland ne savait même pas ce que c’était qu’un EPN il y a encore 6 mois, et aujourd’hui il participe à la discosoupe.
Roland
Roland est entré à reculons dans l’espace numérique. L’animateur l’accueille et lui demande ce qu’il peut faire pour lui. Roland lui explique sa demande par rapport au livre-photos. Il voudrait que quelqu’un lui fasse. Il est prêt à payer pour ça. Sauf que l’animateur lui répond que ce n’est pas le principe de ce lieu. Dans un espace public numérique on apprend aux gens à faire les choses, on ne fait pas à leur place sauf vraiment quand ils sont empêchés. Oui mais Roland n’a pas super envie. Il se sent nul en informatique. C’était sa femme Bernadette qui s’occupait de ça. Elle était secrétaire avant, alors elle connaissait un peu, mais elle est partie. Roland il préfère s’occuper du jardin. Mais de temps en temps il aime bien regarder ses albums photos pour se remémorer tous ses bons souvenirs. Alors quand il a vu cette publicité à la télé il s’est dit qu’il allait faire un livre photo avec les photos de l’ordinateur.
Papy Camp
« Un PapyCamp est un atelier participatif, animé plutôt que dirigé par un animateur multimédia, où le contenu est fourni par les participants qui peuvent tous, à un titre ou à un autre, apporter quelque chose au camp. Il applique le principe pas de spectateur, tous participants. Il met également en pratique les principes d’école mutuelle. Le contenu de l’atelier peut-être défini à l’avance, suggéré par l’animateur ou par les participants. Quoi qu’il en soit, il évolue pour répondre aux demandes et aux besoins de tous les participants et pour correspondre à leurs usages du numérique. »
Roland est arrivé sans trop savoir à quoi s’attendre. Les autres étaient déjà installés autour d’une grande table avec deux ordinateurs portables. Il y avait du café et de la tarte maison. L’animateur n’était pas là. Autour de la table il y avait Violette, Martine, Abdallah, Georges dit « Jo » et Jean Jacques. Jean-jacques lui a dit de s’installer tranquillement. Visiblement c’était un peu lui le chef du groupe. « Qu’est-ce qui t’amène ? Tu veux un café ? Une part de tarte ? »Et notre Roland réexplique les raisons de sa visite. Tout le monde l’écoute. On sait ce que c’est que de perdre un être cher lui dit Jo. On va voir comment on peut s’y prendre pour cette histoire de livre photo.
Au bout de trois quart d’heure, le médiateur se joint au groupe pour aiguillier les uns et les autres sur leurs tracas numériques du quotidien.
Des liens et des hyperliens
Et puis on parle beaucoup. On échange. Quand il y a un nouveau on a envie de savoir où il est allé à l’école et s’il a eu le même professeur que nous. S’il se souvient de tel endroit. En un mot, on partage. C’est la logique du réseau. On crée des liens et on les entretient. En fait le numérique ce n’est pas important. C’est un prétexte. D’ailleurs Roland il n’a pas pu s’empêcher de remarquer que nos tomates ne tiendraient pas longtemps vu comment on les avait mises. Autant en informatique il n’y connaît rien, autant en jardinage c’est son truc. Au fil des séances, il apporte un regard circonspect au tuteur connecté que lui présente le médiateur numérique. Il préfère le bon sens paysan. Les approches sont complémentaires.
Quand on lui a parlé de la discosoupe, il a cru à une blague. C’est vrai que le nom prête à sourire. Mais l’idée est bien de faire une soupe à partir de légumes qu’on aurait jetés et de la distribuer gratuitement. Il s’est retourné ver le médiateur pour lui faire remarquer qu’il n’y avait pas grand chose de numérique à éplucher des patates.
C’est vrai. Mais notre mission cher Roland est de créer du lien. Le numérique n’est qu’un prétexte. Quelque chose nous dit que c’est exactement ce qu’il te fallait. D’ailleurs tu nous l’as dit l’autre jour au « PapyCamp » Grâce à nous tu te sens moins seul. L’essentiel est là.
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