Pour chaque problème, il existe une solution. Nous connaissons tous la formule et nous en mesurons parfois les limites. L’actualité récente a mis en lumière plusieurs problématiques. Souvent, nous avons imaginé que le recours au numérique pouvait être une solution.Quelque soit le service mis en ligne, les questions d’accompagnement et de médiation vers les publics éloignés du numérique doivent être intégrées des le départ et dans la durée. Ne pas intégrer cette composante va engendrer encore plus de problème. C’est le cas pour le vote par internet.
La technologie comme outil
Que cela soit pour lutter contre la délinquance, contre la pandémie ou contre l’abstention, la solution ne peut pas se résumer en une solution technologique. Si telle était le cas nous vivrions dans une société sans délinquance ni Covid19 par exemple. Les dispositifs technologiques peuvent effectivement être une aide à la résolution de problème, mais ils doivent être accompagnés d’autres mesures. Personne ne peut croire qu’en ouvrant une ligne téléphonique pour recueillir les appels des femmes victimes de violence conjugale, nous allons mettre fin à ce fléau. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas utile. Cela veut dire qu’on ne peut pas se réfugier derrière cette solution seule pour dire que le problème est réglé.
La Quadrature du cercle
Ainsi, au lendemain des élections régionales et départementales des politiques ont proposé de mettre en place le vote par internet. Cette solution, selon eux permettrait de lutter contre l’abstention. Ce qui est désolant, c’est que des grands médias se sont engouffrés dans la brèche pour sonder les Français sur cette possibilité. Selon un sondage Odoxa-Backbone consulting pour Le Figaro et FranceInfo diffusé le jeudi 24 juin, 78% des Français se disent favorables au vote par Internet. Ce qui est particulièrement dérangeant dans ce sondage c’est que globalement aucun d’entre eux ne sait comment cela pourrait fonctionner. Et pour cause, personne ne va se risquer à expliquer le processus. Cela montrerait toutes les failles de cette « solution » (qui crée plus de problèmes qu’autre chose). De fait cela obligerait nos politiques à réfléchir à des vrais propositions pour s’attaquer au problème de fond. Or, il y a une injonction à trouver des solutions concrètes et immédiates.
Démocratie numérique
Le numérique peut effectivement être un outil d’appui à la mobilisation citoyenne. Des plateformes numériques comme Decidim peuvent effectivement contribuer à une renouvellement des pratiques. L’exemple de « Barcelone en communs » nous montre qu’au delà de la solution technologique, c’est tout un écosystème qu’il a fallu changer. Pour accompagner cette (r)évolution, il faut pouvoir s’appuyer sur des médiateurs. Ceux-ci auront pour rôle d’accompagner les populations éloignées à ce processus de transitions. Car il s’agît bien de transitions au pluriel dont il s’agit. Au-delà de la prise en main d’outils, le médiateurs pourrait animer des collectifs, donner les clefs de lecture nécessaires à chacun pour se forger une opinion. Dans certains cas, il pourrait se faire le porte voix de groupe n’étant pas en capacité de s’exprimer directement par les outils. Cela implique que les outils puissent être transparents dans la manière dont seraient traitées les contributions et notamment sur le processus de « fabrication de la loi » en le rendant accessible et compréhensible de tous.
« La République du 21e siècle sera nécessairement numérique. Elle doit anticiper les changements à l’œuvre, en saisir pleinement les opportunités, et dessiner une société conforme à ses principes de liberté, d’égalité et de fraternité. » (Loi République Numérique-2016) Les médiateurs numériques sont les acteurs de cette transition.
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