Il y a quelque chose qui se passe dans nos rapports aux publics quand on conçoit des animations numériques. Le public devient notre public. En plus de s’accaparer le public, on s’accapare parfois ses envies et ses besoins. Combien de fois ai-je entendu cette incantation : « Il faut répondre aux besoins du publics »? Trop souvent j’ai constaté que le public était réduit à ce petit groupe d’usagers d’une part et que leurs besoins n’en étaient pas. Quelle est la dernière fois où quelqu’un est entré dans votre espace avec l’envie de télécharger une attestation de situation administrative ?

De la contrainte…

« Les usagers veulent télécharger une attestation CAF.  » Plus d’une fois j’ai entendu cette phrase collée à « tes ateliers correspondent pas aux besoins du public ». Parfois même je me suis demandé si je travaillais bien dans la même structure que certains de mes collègues. Nous avons une vision tellement focalisée sur la contrainte administrative que nous oublions qu’il ne s’agit pas d’un besoin du public mais d’une contrainte imposée par l’état. Qui a déjà eu envie de remplir un formulaire ou de télécharger une attestation ? Même un mauvais fast-food nous fait plus envie que payer une contravention par internet. Alors bien sur nous avons des usagers qui viennent pour imprimer une déclaration sans laquelle ils ne toucheront pas l’allocation qui leur permet de nourrir leurs enfants. Mais là encore ils n’ont pas besoin d’une attestation. Ils ont besoin de nourrir leurs enfants. En téléchargeant une attestation à leur place, nous ne les aidons pas. Nous les rendant dépendant de nous.Nous ne sommes pas des rocks stars. Arrêtons de parler de « nos » usagers.

Quand un homme a faim, il faut mieux lui apprendre à pêcher que le nourrir de poissons.

Confucius

Au pouvoir d’agir…

Oui il faut répondre à la demande urgente. Il faut imprimer son attestation CAF en plus elle en a besoin pour payer moins cher le centre de loisirs. Parce que notre usager a des enfants. On les connaît bien, ils sont là tous les mercredis. Le mercredi maman travaille. Elle fait les ménages chez les gens, nous disent ils. On la connaît bien la maman, elle accompagne beaucoup de sorties avec l’école. Parfois elle ramène des gâteaux faits maison. Ils sont délicieux. Elle devrait les vendre. On est même sur qu’il y aurait du monde pour les acheter. Du coup qu’est ce qu’on attend pour lui apprendre ce qu’est une micro entreprise ? Pourquoi ne lui propose t’on pas des ateliers Facebook / Instagram et Pinterest ? Moi je défends l’idée que cette maman a besoin d’ateliers « social-marketing ». Bien sur il va lui falloir un accompagnement sur mesure. Il me semble justement que c’est tout le sens de notre travail de médiateur numérique.

Et au-delà

A votre avis quel public pourrait être intéressé par un atelier « social marketing » ? Tout ceux qui font de la vente pour élargir leur clientèle. Même une association pourrait avoir besoin de toucher plus de personnes par le biais des réseaux sociaux. Dans nos structures nous avons des responsables associatifs, des commerçants de quartiers des auto entrepreneurs, des youtubeurs et bien d’autres encore qui pourraient avoir besoin de suivre ce type d’atelier. Il se pourrait même que certains viennent dans notre structure exclusivement pour ce type d’ateliers. Autrement dit que nous élargissions notre public cible en touchant des personnes qui étaient jusque là considérées comme « non-public ». Sauf erreur de ma part toucher le « non-public » fait partie des objectifs prioritaires de beaucoup de structures socioculturelles…

 

 

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