La question du choix du logiciel de contrôle parental est surement celle qui revient le plus dans mes rencontres avec des parents. D’une manière large elle s’étend d’ailleurs aux solutions techniques visant à protéger nos enfants face aux dangers d’internet. Les parents me demandent souvent quelles solutions j’utilise à titre personnel. Et ils sont toujours aussi surpris d’apprendre que j’en utilise aucun bien qu’ayant des enfants qui vont de la maternelle au collège. Ce n’est évidemment pas pour autant que je ne me soucie pas des « dangers d’internet » auxquels ils vont être confrontés. J’aborde juste cette question dans sa globalité.
Du logiciel
Un logiciel de contrôle parental a pour mission de filtrer les contenus indésirables d’internet. Il va par exemple restreindre la navigation sur une série de sites figurant sur une liste blanche (ou à l’inverse empêcher d’accéder aux sites sur liste noire), limiter l’accès à Internet en temps et/ou sur des plages horaires prédéfinies, et prémunir vos enfants de l’accès à des sites illégaux. Ce logiciel doit bien entendu être paramétré pour être efficace. Il est évident que le gamin de sixième n’aura pas les mêmes restrictions que celui de terminale.Cela implique typiquement de créer plusieurs sessions sur l’ordinateur d’une part et de paramétrer chaque appareil mobile (smartphone et tablette) d’autre part.Si vous vous reconnaissez dans cette description votre témoignage m’intéresse !
En règle générale, on se contente d’activer l’option proposée par notre fournisseur d’accès à Internet qui propose un profil enfant de moins de 10 ans et un profil enfant de plus de 10 ans.
Filtrage ou contrôle
D’un point de vue sémantique, je préfère utiliser la terminologie de logiciel de Filtrage plutôt que celle de logiciel de Contrôle. Le filtrage peut être l’affaire d’un logiciel. Le contrôle doit rester parental et en ce sens ne pas être sous-traité à une solution technique. Il s’agit ici d’éducation et d’accompagnement; deux fondamentaux qu’il ne me paraît pas concevable ,à titre personnel, de déléguer à des machines. Le terme filtrage induit également la porosité du système et ses limites. Il induit ainsi que tout ne sera pas maitrisé et qu’il y aura des fuites. Il rappelle qu’aucune solution technique n’est fiable à 100% . C’est encore plus vrai sur un appareil mobile où en me branchant sur un wifi public, je peux contourner le wifi de la maison. Enfin et évidemment, le filtrage ne fonctionne pas chez votre voisin et quand votre enfant ira chez son camarade de classe, il ne sera pas possible de contrôler ce qu’il fait.
Contenus indésirables.
L’objectif en installant un logiciel est pour les parents de bloquer les contenus indésirables pour leurs enfants, en clair les contenus pornographiques. Sans être fataliste la question n’est pas de savoir si l’enfant va être confronté à des contenus pornographiques mais bien quand il va y être confronté. D’une manière générale les logiciels empêchent d’accéder directement aux sites classés X sont relativement efficaces. Gardons en tête qu’il suffit de cliquer sur le bouton « j’ai plus de 18 ans pour y accéder ». On peut aussi prendre le partir d’expliquer qu’il ne s’agît en rien de sites d’informations documentaires mais bien de sites de divertissement réservé aux adultes. L’idée globale est de désacraliser la parole autour de la sexualité pour que les réponses soient cherchées ailleurs que sur des sites X.Si un logiciel peut s’avérer particulièrement efficace sur des contenus X, il va être le plus souvent inopérant sur les propos haineux qui jalonnent le fil Facebook. L’autre aspect de la problématique est d’apprendre à nos enfants à cultiver un esprit critique. Montrer que l’information sur Internet doit être recoupée et vérifiée avant d’être avérée.
Pistes de solution
En ce qui me concerne, j’uilise µblock comme solution technique pour bloquer les contenus indésirables. J’entends par indésirable tout ce qui a trait aux bannières publicitaires faisant la promo du Big Mac ou autre. Hélas cela ne fonctionne pas sur les vidéos hébergées sur Youtube. Un épisode de Tchoupi peut être précédé d’une pub pour Call of Duty (ou une pub pour une voiture). Pour pallier ce genre d’incidents, il n’y a pas trente six solutions.On peut investir dans des DVD (y compris d’occasion) mais dans tous les cas on reste avec son enfant pour regarder. En effet dans l’épisode « Tchoupi a peur de l’orage » le bruit de l’orage peut le faire réagir. Et là le logiciel ne servira en rien.
On l’accompagne en permanence dans l’apprivoisement des écrans au moins jusqu’à la fin du primaire. C’est l’occasion de découvrir de magnifiques vidéos maquillage d’Enjoy Phoenix par exemple et poursuivre la discussion à la salle de bain devant le miroir. Ou encore l’occasion d’expliquer qu’obtenir des gemmes gratuites sur Clash Royal est une arnaque et montrer comment cela fonctionne (et là on peut poursuivre la conversation devant un échiquier). Dernièrement, j’ai découvert ainsi une valise connectée qui à elle toute seule mériterait un article sur les limites de l’internet des objets.
A la maison, il y a des temps sans écrans (y compris pour les adultes), des temps accompagnés, des temps autonomes et de l’éducation en permanence et c’est ainsi que le logiciel devient inutile. Et chez vous, vous faîtes comment ?
4 Responses
Article intéressant même si je ne suis pas tout à fait d’acccord avec certains arguments.
Par exemple, dans la partie « Filtrage et contrôle », tu indique que l’enfant peut détourner le contrôle parental en se connectant sur un autre réseau wifi. Cela est faux si un logiciel ou une application de contrôle parental est installé en local sur le PC portable ou la tablette.
Tu abordes aussi deux choses différentes à mon humble avis : le filtrage et le bloqueur de pubs, même si je comprend ce que tu veux dire suite à ton exemple de pub genre call of duty avant une vidéo de dessin animé.
Mon travail consiste à développer le numérique dans les écoles du 1er degré, et il faut savoir qu’il n’y a aucun serveur (quelques amonecoles mais vraiment très peu). Le proxy académique ne filtre pas le cache sur les sites SSL (Google images par exemple) donc un contrôle parental peut servir à l’enseignant. Le mieux est d’utiliser un logiciel de gestion de classe (type MDM) pour contrôler l’usage des PC portables ou des tablettes.
C’est vrai que ton article est dédié aux parents pour une utilisation à la maison, et je suis tout à fait d’accord avec le fait que l’éducation, fixer des limites, et le dialogue avec les enfants et primordial pour éviter les dérives…
Merci pour ton commentaire Yoann.
Je te rejoins sur ta remarque technique concernant l’installation du logiciel. Le message le plus important est qu’aucune solution technique n’est fiable à 100%.
Le raccourci filtrage/et bloqueur de un est aussi utilisé à des fins didactiques pour « montrer » que le contenu « dérangeant » n’est pas que du contenu « interdit ».
Je concède certains raccourcis. Ils sont volontaires. Le message le plus important est celui que tu rappelles, rien ne remplace l’éducation.
Enfin concernant la partie école, évidemment il y a là un autre débat et les solutions que tu proposes sont indispensables.
Je ne suis absolument pas d’accord 😉
Le contrôle parental dans mon cas, c’est 100% orienté horaires…
La nuit, je dors, et je n’ai pas besoin de faire la police.
Donc avoir les logiciels qui vont bien pour restreindre les utilisations d’ordinateurs, tablettes ou téléphones, c’est essentiel…. à partir d’une certaine heure, les téléphones et tablettes sont inutilisables.
Ton article et ton point de vue est très intéressant, on a pu en discuter d’ailleurs durant notre rencontre avec mes collègues notamment sur la fiabilité des contrôles parentals. C’est là également que notre metier entre en jeu; l' »éducation » qu’il nous faut travailler avec les parents afin qu’ils soient formés et se sentent plus en confiance pour accompagner leurs enfants. Je pense que si l’idée de contrôle parental leur vient en premier c’est tous ces manquements : le manque de formation, le manque de temps certainement quand on voit le train de vie actuel, l’illectronisme et certainement d’autres raisons. L’intérêt aussi d’intervenir de nous-mêmes auprès des enfants même si on ne peut pas remplacer le rôle des parents à la maison…