Nous entendons régulièrement parler de ces 12 à 13 millions de Français qui sont éloignés du numérique. Il est assez difficile d’imaginer ce que peut être le quotidien de ces personnes. A travers trois portraits, nous allons donner un visage à ces chiffres, à ces situations. Après Céline,l’oubliée faisons connaissance avec le quotidien de Sabrina, l’éloignée du numérique. Là où Céline ne pouvait accéder aux opportunités du numérique du à la non conformité des services que nous proposons, Sabrina a, quant à elle, un déficit de compétences numériques. Plongez dans son quotidien ordinaire.
Éloignée du numérique
Sabrina a 42 ans et trois enfants, dont un en bas âge. Elle les élèves seule depuis que leur père les abandonné toutes les trois. Sabrina habite en quartier politique de la ville, elle n’a pas d’emploi stable. Elle travaille comme femme de ménage pour la MJC du coin et aussi l’école. Sabrina n’est pas à l’aise du tout avec internet. Elle doit inscrire ses deux plus grandes filles à la cantine pour la rentrée de septembre. Avec le coronavirus, les choses sont encore plus compliquées que d’habitude.
Aujourd’hui elle est allée à la mairie récupérer son dossier d’inscription. La dame de l’accueil lui a bien précisé qu’elle pouvait le rempli par internet, mais Sabrina n’a pas internet. Elle a ramené son dossier à la MJC où elle travaille pour se faire aider par la secrétaire de l’accueil. Cette dernière l’aide comme elle peut mais Sabrina doit fournir une attestation de la Caf pour justifier de son tarif de cantine.
Le prix d’une attestation
Sabrina n’a pas de compte en ligne, elle doit donc se rendre à la CAF pour obtenir ce justificatif. Malheureusement l’administration est fermée du fait du Covid. Elle doit prendre rendez-vous par téléphone. Elle y retournera le lendemain. Il faut voir qu’à chaque fois qu’elle se déplace, elle promène la petite dernière avec sa poussette. Elle ne peut évidemment pas la laisser seule à la maison. Il faut aussi qu’elle fasse attention aux horaires pour pouvoir récupérer ses enfants à l’école.
Entre le moment où Sabrina a récupéré son dossier en mairie et celui où elle l’a redonné, il s’est passé une semaine. Une semaine pendant laquelle Sabrina est allée de services en services pour obtenir une aide, une attestation, un papier, une photocopie, toujours avec sa poussette et le sourire. Comme elle le dit, au moins, cela lui fait faire de la marche à pied et ça la sort du quartier.
Discontinuité pédagogique
Sabrina était inquiète pour ces trois jours d’école à la maison avant les vacances de Pâques. Elle a une fille en CP et elle est derrière elle pour qu’elle réussisse à l’école. Heureusement elle a pu voir avec une voisine. Sa fille est dans la même classe. La petite de Sabrina ira chez la voisine pour faire ses devoirs en même temps que sa copine. La MJC lui a dit que la mairie prêtait des ordinateurs. Mais Sabrina ne sait pas quoi en faire. Elle n’a pas internet. Alors elle ne l’ a pas pris l’ordinateur. De toute façon, elle ne sait pas s’en servir.
Pour sa grande qui est au CM1, le professeur a directement distribué des photocopies à toute la classe. Comme ça il n’y aura pas besoin de se connecter à Internet. En plus il paraît que c’était en panne. Sabrina économise pour acheter un ordinateur pour l’entrée en sixième de la grande. C’est sur qu’elle en aura besoin. En attendant, elle se débrouille comme elle peut.
Changer la donne
Quand on part du principe que le numérique va améliorer le quotidien des usagers, il faut s’intéresser plus particulièrement aux éloignés du numérique. L’exemple de Sabrina nous montre comment une procédure dématérialisée peut devenir un vrai parcours du combattant pour elle. Pour pouvoir offrir le meilleur service possible à Sabrina, il faut l’accompagner dans sa montée en compétences numériques.
Concrètement Sabrina a besoin de savoir se servir d’un ordinateur pas uniquement pour inscrire ses enfants à la cantine (ça n’arrive qu’une fois par an). Acquérir des compétences numériques c’est surtout accompagner ses enfants dans leur scolarité et améliorer son employabilité. C’est en ce sens que le médiateur numérique permet effectivement d’augmenter le pouvoir d’agir de chacun. Cela demande une approche systémique e la question et du temps. Formez vos équipes à ces enjeux et à la manière d’y répondre. Entrons en contact.
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