Licence BY. Auteur : Nathan Giroux

Licence BY. Auteur : Nathan Giroux

« On peut bien jouer de la musique sans savoir lire le solfège, pourquoi aurait-on besoin de connaître le codage informatique pour utiliser un ordinateur ? » Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu cet argument pour remettre en cause la pertinence de l’enseignement du code aux plus jeunes. Ayant fait un bac de technicien de la musique et un beau parcours d’une quinzaine d’années en Conservatoire de musique, l’analogie entre la musique et l’informatique m’amuse. Avec ce billet je vous propose un parallèle entre ces deux disciplines. A toutes fins utiles, je précise d’emblée que pour l’importance de l’enseignement du codage informatique, l’analogie devrait se faire avec l’anglais. Quand j’étais jeune, on me disait que savoir parler anglais me servirait toujours plus tard. Aujourd’hui nous devrions avoir la même approche avec le codage (en plus de l’anglais). Personne ne s’est dit que nous aurions une génération d’interprètes ou de prof d’anglais il me semble…

Autre langage, autre mode d’écriture

Celui qui n’a jamais lu une partition d’orchestre serait bien démuni pour en saisir le sens tout comme celui qui se trouverait devant une feuille de code. La musique et l’informatique ont leur propre langage qui peut s’avérer hermétique au néophyte. Au-delà du langage, c’est même le mode d’écriture qui est différent. Si vous composez pour un orchestre, le traité  de Berlioz sera votre livre de référence. Berlioz fait de chaque instrument un outil et explique ses limites.

Le web est notre orchestre et les instruments sont des outils que l’on peut aussi regrouper en famille comme la famille des réseaux sociaux avec en soliste Facebook. Chacun de ses outils possède ses fonctionnalités, ses limites et son utilité principale.

Pour pouvoir faire vibrer nos instruments il nous faut apprendre des langues. La clef de sol et la clef de Fa deviennent le HTML et le CSS, les modes chromatiques, diatoniques, mixolydien, grégorien et pentatonique deviennent le C, le Python, le Javascript, le Ruby etc..

Rigueur

Un La possède une fréquence  définie à 440 Hertz, un MégaOctects fait 1024 octects. Le # se met devant la note que l’on veut altérer, les notes doivent être alignées verticalement. Autant de règles apprises dans des cours d’harmonie, où l’on vous explique qu’après tel accord on ne peu pas enchainer tel autre et ainsi de suite, donne un caractère très « mathématique » de la musique.

Cette rigueur se retrouve dans l’écriture informatique. Un espace mal mis, un guillemet oublié, une parenthèse non fermée peuvent générer une erreur (et des heures d’insomnie). Et évidemment ce qui est valable dans un langage ne l’est pas forcément  dans l’autre (sinon ce n’est pas drôle).

Cette rigueur du code n’empêche pas les chefs d’œuvre. La musique et le codage c’est de l’art et une feuille bien codée ne peut forcer que l’admiration. En voici un exemple avec l’offrande musicale de Bach . Cela rappellera les codes cachés que l’on trouve parfois sur certains sites pour qui sait les lire bien sur…

Universalité

Allez dans n’importe quel endroit du monde, interpellez le pianiste local et demandez lui un accord en Do Majeur…Les musiciens et les informaticiens n’ont pas besoin de parler la même langue pour se comprendre, ils ont leur langage propre : le solfège et le codage. Au delà, ils ont même intégrer dès le début la notion de travailler en ensemble, en duo, en quatuor, en orchestre. Ils n’ont pas toujours besoin d’un chef pour se coordonner tout est écrit. Chacun sait précisément ce qu’il a à faire et comment le faire.

Le fonctionnement de Wikipédia me fait parfois penser à celui d’un orchestre (sans chef d’orchestre). Chaque « musicien » agît sur sa partie en sachant parfaitement ce qu’il doit faire et comment le faire tout en étant dépendant de l’autre « musicien » pour que sa partition soit bien ,exécutée.

Art

Le code n’est pas esthétique mais son interprétation peut être sublime. La partition d’un Nocturne de Chopin n’est pas spécialement belle. Son exécution peut par contre nous transporter.

Un code informatique n’a rien de « sexy »mais son interprétation par la machine peut nous donner de belles choses. L’un des ouvrages de référence du codage aborde clairement la notion de « Art of Coding ».

Tout comme en musique, on a des musiciens capables de nous pondre de la « soupe au kilomètre », on a aussi des informaticiens qui « pissent des lignes de code ». Il y a même des écoles pour cela.

Nous avons le droit de vouloir des « Mozart » du code, il faut s’en donner les moyens.

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