Non ce n’est pas ce que vous pensez, nous n’allons pas évoquer dans ce billet les bouleversements actuels ayant lieu au Moyen orient. A l’heure où l’internet civilisé pourrait être au menu du prochain G20, à l’heure où des pétitions circulent pour réclamer la libération des données échangées sur Facebook en amont des mouvements révolutionnaires en Tunisie ou en Égypte, nous pouvons nous interroger sur « l’internet libre ».

Freedom

par josef grunig

Internet régulé ?

Dans les années 90, Internet était, dans mon esprit, un espace de libertés absolues, l’endroit de tous les possibles. C’était d’ailleurs avant tout en ce qui me concerne un délire de science-fiction.

Les « netrunners » se connectaient littéralement à un câble qui les permettaient de projeter un avatar personnalisé dans la « matrice ». Ces « netrunners » avaient quelque chose d’héroïque. Dans cet univers cyberpunk, ils étaient souvent des pirates informatiques qui s’infiltraient dans les réseaux afin d’obtenir des informations pour lutter contre les mégacorporations. Le cyberespace tels que défini dans l’univers de la SF était certes un espace souvent dangereux, mais surtout un espace dans lequel les « opprimés » (quelque soit la définition que l’on donne à ce mot) venaient chercher les clefs de leur liberté. Mais cela n’était que la fiction.

Assez rapidement, les médias usuels (et en particulier la télévision) ont présenté ce nouvel espace de liberté comme étant l’espace de tous les dangers : le far web (expression que j’emprunte à Pierre KOSCIUSKO-MORIZET dans son rapport relatif à la création du Conseil National du Numérique : « l’internet   n’est   pas   « sous-régulé »   comme   peuvent   l’imaginer   certains   interlocuteurs.  L’internet n’est pas le « far web ». L’internet n’est pas une zone grise dépourvue de toute  législation. L’internet n’est pas la zone sans foi, ni loi. L’internet et ses acteurs sont soumis à  de  nombreux  textes  législatifs  et  réglementaires,  dont  certains  destinés  à  s’appliquer  spécifiquement  à  ce  secteur. ») La sortie du Président de la République Jacques Chirac à l’encontre de yahoo à propos de la mise en vente des objets nazis aura marqué au moins dans les esprits du grand public (Le récit qu’en fait Jean Michel BILLAULT sur son blog est à savourer sans modération). A compter de cet épisode, il est apparu évident pour le grand public qu’il fallait réguler l’internet. Assez paradoxalement nous n’étions qu’une dizaine de millions à naviguer sur la toile à cette époque mais il est vrai que la peur de l’inconnu a toujours été prétexte à réguler et le cyberespace n’a pas échappé à la règle. La mise en exergue des réseaux pédophiles ou des réseaux terroristes ont permis au nom de la sécurité de l’état de mettre en place toute une série de mesures où au résultat l’adolescent qui « pirate » un cd tombe sous le coup d’une loi anti-terroriste !

Internet civilisé ?

Lors de ses vœux au monde de l’éducation et de la culture, le Président de la République, Nicolas Sarkozy a eu cette petite phrase :« Nous allons mettre sur la table une question centrale, celle de l’Internet civilisé, je ne dis pas de l’internet régulé, je dis de l’internet civilisé ». L’internet civilisé, voici une expression qui revient depuis quelques années dans les paroles de nos responsables politiques et qui devrait trouver corps (?) au cours du sommet du G20.

Pour civiliser un espace fusse t’il le cyberespace, il faut déjà considérer que cet espace n’est qu’un. Or le cyberespace est multiple, l’internet chinois n’a que peu à voir avec l’internet à la française.L’objectif donc serait de parvenir à faire évoluer vers le mieux ce cyberespace. Évidemment la notion de mieux est toute relative. Du haut de mon petit statut de médiateur numérique, je me suis posé la question de comment je m’y prendrais pour guider mon public vers un meilleur internet. Voici donc ma modeste contribution.

Pour voguer vers un meilleur internet, il me semble primordial d’être le mieux équipé. Dans un souci de faire accéder des cybernautes à une meilleure culture du cyberespace, il paraît donc judicieux d’utiliser le navigateur qui offre le plus de souplesse, celui qui est le plus performant, celui qui saura le mieux s’adapter aux usages de chacun d’entre nous. En outre, nous pourrions même considérer que pour aller loin dans le cyberespace, il conviendrait de ménager sa monture : l’ordinateur. A ce titre, il paraît indispensable de l’équiper d’un opérateur système efficace. En somme le premier point pour civiliser le cybernaute consiste donc à l’outiller sous licence libre.

Bien entendu, une fois sur la toile il faut apprendre à ce cybernaute à écrire sa requête dans la barre d’adresse et non dans le cadre de recherche du moteur qui analyse toutes nos données. Il faut expliquer que chacun des clics que ferra ce cybernaute est un acte politique et qu’en conséquence, il doit se prémunir de tomber sous l’emprise de cette société californienne qui exerce un tel monopole sur le cyberespace qu’elle est en mesure de dicter à des pays la conduite qu’ils doivent tenir. Civiliser internet c’est se passer de Google.

Civiliser l’internet c’est permettre à tous les cybernautes de vivre en paix et de ne pas tomber sous le coup de la régulation qui s’applique notamment au droit d’auteur. Le web 2.0 c’est la possibilité pour chacun d’entre nous d’être un auteur de cette culture collective. Charge à chacun d’entre nous donc de permettre à tous d’utiliser (ou non) notre travail. Ne pas se positionner sur nos créations de l’esprit publiées sur internet c’est empêcher à d’autres de pouvoir partager nos créations et d’éveiller ces derniers à une plus haute conscience.

Civiliser l’internet c’est encore permettre à chacun de rester propriétaire de ses données personnelles, de ne pas être tributaire du bon vouloir de Mark Z. pour avoir accès à des données qui ont une importance capitale pour l’histoire d’un pays. C’est la possibilité de pouvoir supprimer simplement ses données et pouvoir faire valoir son droit à l’oubli.

Certains diront surement que cet internet là n’est que science fiction, pourtant il est possible. ne serait-ce pas du rôle du médiateur numérique de guider les internautes vers cette vision de l’internet ?


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