Nous sommes le 2 août et aujourd’hui c’est le jour du dépassement de la Terre. Concrètement nous avons atteint ce jour la limite du capital naturel de la planète au niveau mondial. Au niveau de la France, le jour du dépassement tombe le 5 mai ! Il faudrait ainsi 3 planètes pour subvenir aux besoins de l’Humanité si elle vivait sur le modèle Français. Ironie de l’actualité, le jour du dépassement succède à la fin de l’impression du ticket de caisse instaurée dans le cadre de la lutte contre le gaspillage et les substances dangereuses pour la santé. Concrètement, le commerçant propose ,pour ne pas dire impose, d’envoyer ce ticket par courrier électronique ou de le déposer dans l’application du magasin. L’impact environnemental est plus que discutable. Et c’est sans compter sur le respect des données collectées. Le ticket électronique est l’archétype de la solution numérique qui apporte plus de problèmes qu’elle n’est censée en résoudre.
Le principe
Les tickets de caisse concernant les achats du quotidien ne sont plus systématiquement imprimés depuis le 1er août. Les tickets de carte bancaire produits dans les surfaces de vente et dans les établissements recevant du public, les tickets émis par des automates, les tickets de carte bancaire et les bons d’achat et tickets promotionnels ou de réduction. sont concernés par cette mesure. Pour obtenir un ticket de caisse imprimé, le consommateur devra désormais le demander expressément au commerçant. Les tickets de caisse sont ainsi supprimés par défaut. Leur impression est subordonnée au recueil de la volonté du consommateur. C’est le caractère systématique de leur impression et de leur remise qui est désormais interdit par le nouveau dispositif : il n’est donc pas possible pour un commerçant d’imposer un envoi du ticket par voie dématérialisée.
L’envoi d’un ticket par SMS, mail ou son dépôt dans l’application doit se faire dans le respect du Réglement Général de la Protection des Données. Par conséquent, la collecte de données auprès de l’acheteur est subordonnée à son consentement explicite.
L’impact écologique
30 milliards de tickets de caisse sont imprimés chaque année. Il peut donc y avoir un certain intérêt à diminuer ces impressions qui finissent l souvent directement à la poubelle à peine imprimés. Mais si c’est pour substituer cette solution à un processus peu respectueux des données et encore plus polluant, c’est évidemment contre productif. Ainsi la sénatrice Françoise FERAT souligne.
Pour que cette mesure durable ne soit pas une fausse bonne idée, il faut prévoir des mesures de sobriété numérique dans l’envoi de ces tickets dématérialisés. Si le commerçant n’en profite pas pour faire une jolie mise en page, de la pub à outrance, des bons de réductions, le mail pourrait faire entre 0,2 et 1 Mo. Sachant que selon les estimations de l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), l’envoi d’un mail de 1 Mo aurait une empreinte carbone d’environ 19 grammes, celui d’un ticket dématérialisé pourrait avoir un impact compris entre 3,8 et 19 grammes de CO2 (contre 2g environ pour un ticket « papier »).
La réponse de la ministre est sans ambiguïté. En tout état de cause, le choix final appartient au consommateur.
Choix éclairés
Pour un simple ticket de caisse, il faut prendre en considération l’impact écologique de la solution de substitution d’une part et d’autre part être bien au clair sur le respect des données personnelles. Ainsi une adresse mail communiquée pour recevoir un ticket de caisse ne peut être utilisée à d’autre fins rappelle la Commission nationale de l’informatique et des libertés. Toute infraction peut donc être signalée au délégué à la protection des données du commerce. La commission propose par ailleurs plusieurs modèles de courriers à adapter en fonction de la situation. Rappelons que le consentement doit être libre, spécifique, éclairé et univoque. Le commerçant qui est le responsable du traitement doit être en mesure de démontrer à tout moment que la personne a bien consenti, dans des conditions valides.
Sur le plan environnemental, la fin du ticket de caisse est également une occasion de rappeler que la dématérialisation n’a de dématérialisation que le nom. Le MOOC Impacts environnementaux du numérique de l’INRIA est une bonne porte d’entrée pour se sensibiliser aux enjeux environnementaux du numérique. On pourra compléter ce mooc en participant à une fresque du numérique qui reprend sous forme d’atelier interractif les principaux éléments du Mooc.
Enfin, ne perdons pas du vue que le ticket de caisse est le symbole d’un système de consommation que le numérique peut remettre en cause également. Les plateformes de consommation collaborative sont des alternatives que le numérique rend possible et dans lesquelles le ticket de caisse est surfait.