Pendant l’année scolaire j’ai accompagné un groupe d’une douzaine d’élèves décrocheurs dans le cadre de la Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire (MLDS). Notre projet consiste à mettre en place un « Webnews » , un outil d’information sur le web pour les jeunes, par les jeunes. Voici mon retour d’expérience sur cette aventure pleine de rebondissements.
L’objectif premier du Webnews était de permettre aux élèves de reprendre confiance en eux en les mettant en situation d’acteur. Le choix du numérique a été le résultat de plusieurs facteurs. Premièrement les outils numériques sont particulièrement adaptés aux élèves présentant des difficultés scolaires puisqu’ils permettent de s’appuyer sur une pédagogie de « l’essai-erreur ». Deuxièmement il y avait un aspect novateur dans le choix d’un outil numérique, choix n’ayant pas été fait dans les sessions précédentes par la responsable de la MLDS. L’idée globale de ce Webnews était de positionner les élèves en situation d’acteur. L’une des difficulté a été de rester fixé sur cet objectif et de ne pas dévier vers un autre objectif d’audience. L’objectif initial était de produire une dizaine d’articles, ils en ont produit plus du double !
Le projet dans son ensemble a été géré par les élèves. Pour ma part je suis intervenu sur les aspects techniques, pédagogiques et sur l’accompagnement global du projet. La première phase du projet a donc été de donner une « ligne éditoriale » au Webnews. Les élèves ont choisi la cible (leurs camarades du Lycée) ainsi que les sujets et rubriques qu’ils souhaitaient aborder. Par exemple, ils ont choisi de faire une rubrique Cinéma dans laquelle ils critiqueraient les films qu’ils avaient vu. Pour cette rubrique, ils ont également défini un référent vers qui chacun devait se tourner après avoir vu un film. Ils ont établi un modèle de fiche critique qui devait donc servir à chaque film. Ils se sont organisés entre eux pour prendre en charge telle ou telle thématique en fonction de leurs affinités personnelles.
Le principal frein à la bonne réussite du projet a été le calendrier. Les élèves étaient scolarisés sur un rythme type : 15 jours de cours, 15 jours de stage. Difficile d’avoir un suivi. A partir de janvier nous avons du réorganiser notre façon de travailler en programmant les publications de manière à ce que le lecteur ne s’aperçoive pas que les élèves étaient en stage (et donc dans l’incapacité d’écrire leurs articles).
J’intervenais à raison de deux heures par semaine. La plupart du temps ces deux heures étaient consacrées à produire et très peu à préparer. Idéalement, il aurait fallu que ces séquences servent à mettre en forme, corriger, compléter, préparer et que la phase rédactionnelle se fasse dans l’intervalle. Mais pour cela il aurait fallu des élèves volontaires. Or les élèves n’avaient pas le choix. Le volontariat dans ce type de projet me paraît une bonne solution. Difficile de motiver un élève qui souhaite s’impliquer pendant que son camarade glande sur Youtube.
Mes conditions d’exercice n’ont pas été optimales. La connexion à Internet n’était pas toujours possible, les ordinateurs étaient en ligne et la moindre opération simple (transférer des photos d’un téléphone vers un PC) demandait 45 formulaires (j’exagère bien sur mais l’idée est là). Bref j’ai découvert le quotidien d’un CDI de Lycée, et malgré la bonne volonté des équipes, l’environnement est très peu propice aux activités de ce genre..
J’ai été surpris de constater à quel point des décrocheurs pouvaient être formatés! Je leur demande de faire une présentation ils font tous un Powerpoint ! Ils ont eu pour la plupart du mal à travailler en mode brouillon directement sur la plateforme (en l’occurrence un blog propulsé par WordPress). Ils n’ont pas utilisé leur téléphone pour capter des images ou des vidéos et ils n’ont pas propulsés le site à travers les réseaux sociaux. D’ailleurs, là où je recevais des félicitations (que j’ai transmises); eux ne se rendent pas compte de la qualité du travail accompli. En revanche ils ont donné beaucoup de pistes d’amélioration dans une éventuelle poursuite du projet.
Et c’est là le principal défaut de projet. Celui de n’exister que sur un an. Si vous êtes dans un établissement et que vous souhaitez mettre en place ce type d’initiatives je vous livre ici deux conseils :
Travaillez avec des élèves volontaires dans des actions hors classes (par le biais d’un « club webnews ») sur l’année. Je pense qu’il est possible d’imaginer des coopérations ponctuelles en groupe classe autour d’un article ou plusieurs sur une thématique.
Pensez de suite à la pérennité du projet en imaginant l’année n+1 et l’année n+2.
Enfin pour profiter à plein de mon expérience, vous pouvez aussi me consulter. Le webnews est à découvrir en suivant ce lien : http://webnewsthonon.eu/
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