C’est une des nouveautés que bon nombre d’élèves n’auront pas manqué de constater, les téléphones portables sont désormais interdits à l’école. La loi adoptée le 30 juillet change quelque peu la donne. Avant le téléphone portable était autorisé partout sauf là où c’était interdit (et dans tous les cas interdits en cours). Désormais le téléphone portable est interdit partout par défaut. Il peut être autorisé dans certains endroits de l’établissement par le chef d’établissement. Le téléphone portable peut (quand même) être utilisé en classe à des fins pédagogiques encadrées par le professeur. Au-delà de la promesse de campagne tenue, pourquoi interdire les portables à l’école ?
Sociabilisation harmonieuse
Durant les activités d’enseignement, l’interdiction de l’usage des téléphones portables favorisera pour les élèves un environnement qui permet l’attention, la concentration et la réflexion indispensables à la compréhension et à la mémorisation.
Sur les temps de récréation, cette interdiction permettra de renforcer les échanges entre les élèves afin de construire une sociabilisation harmonieuse, essentielle au développement des enfants.
Enfin, l’interdiction de l’utilisation des téléphones portables permettra de lutter contre une part importante des incivilités constatées dans les établissements (racket, vol, harcèlement) et de limiter l’exposition des plus jeunes à des images choquantes, violentes ou à caractère pornographique.
En lisant l’argumentaire du ministère de l’Éducation Nationale, on ne peut que constater que le portable est la source de nombreux problèmes. Les arguments présentés ne nous laissent peu de choix quant à l’avis qu’on peut en avoir. Comment ne pas être favorable à ce que nos enfants puissent mieux se concentrer en classe ? Nul doute que sans téléphone portable, il n’y aura plus de chahut en classe. Vraiment ? Par contre avec des classes à 20 élèves plutôt que 30, il apparaît évident qu’on favorise la réussite éducative de l’enfant. Certes c’est plus compliqué que d’interdire le portable.
Nos élèves vont pouvoir vivre une sociabilisation harmonieuse.Le portable n’est pas un outil de sociabilisation harmonieuse. Il ne permet pas les échanges, détruit la communication, voire encourage les pratiques à risques. On observe encore ici une méconnaissance chronique des pratiques numériques des jeunes, un amalgame entre relation virtuelle et relation irréelle.
On va pouvoir également limiter l’accès au porno de nos enfants. Évidemment sur le papier, nous ne pouvons qu’être favorables à ce que nos enfants n’aient pas accès au porno. Comment cela se traduit-il concrètement ? Dans le collège de mes enfants le portable est interdit partout, tout le temps. Ainsi si un enfant venait à avoir un mauvaise usage de son portable, cela ne se ferra pas dans l’établissement mais dehors. C’est à dire là où aucun membre de l’équipe pédagogique ne pourra intervenir et accompagner l’élève dans un bon usage. En interdisant le portable, on enferme son usage dans la clandestinité.
Une école de la confiance
Dans sa conférence de presse de rentrée, le ministre de l’éducation nationale a présenté la rentrée 2018-2019 comme une nouvelle étape pour bâtir l’école de la confiance. Il a émis le vœu de « permettre à tous les élèves de mieux maîtriser les savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter et respecter autrui), d’être mieux accompagnés vers leur avenir ». L’avenir de nos enfants est une société numérique. Pour pouvoir mieux les accompagner nous devons effectivement leur permettre de mieux maitriser les usages numériques. Ce sont aussi des savoirs fondamentaux. Nous devons apprendre à nos enfants à écrire, lire et comprendre les codages informatiques d’une part et à exercer leur rôle de citoyen dans un univers numérique en encourageant les usages numériques. Nous devons leur apprendre à faire société dans un univers numérique, et pour ceux nous devons leur donner l’accès aux outils de cette société.
Enfin, il nous appartient dans cette école de la confiance promue par le ministère de faire confiance à nos enfants, de na pas stigmatiser leurs usages numériques, mais au contraire de les accompagner. Il ne s’agit pas de donner une confiance aveugle, mais bien de faire preuve de bienveillance envers nos enfants, de les accompagner, de les guider, de les éduquer aux usages numériques pour en faire des citoyens éclairés de la société de demain.
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